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![]() La forge familiale |
Armand Fallières est né le 6 novembre
1841 à Mézin, dans le Lot-et-Garonne. C’est sur cette même terre, à
laquelle Son père était géomètre-arpenteur, son grand-père forgeron. Il naît d’ailleurs dans la forge familiale, accolée à la cathédrale de Mézin, et y passe sa petite enfance. Cette maison sera plus tard démolie et reconstruite pierre par pierre à l’autre bout de la petite ville. Après des études de droit, à Toulouse et Paris, Armand Fallières s’inscrit au barreau de Nérac dans son département du Lot-et-Garonne. Il y plaide quelques procès politiques : il défend notamment un groupe de jeunes gens qui avaient chanté la Marseillaise sur le passage d’une procession. Dès son installation comme avocat, il commence à s’intéresser aux affaires publiques et entame une longue carrière politique. D’abord locale, en étant élu maire de Nérac et conseiller général, puis nationale, en se faisant élire député du Lot-et-Garonne en 1876, à l’âge de 35 ans. |
A la Chambre et au
Gouvernement
A la Chambre des députés, Armand Fallières siège à gauche, parmi les membres du groupe de la gauche républicaine. Il fait partie des " 363 ", ceux qui, le 22 juin 1877, après la " crise du 16 mai " votent un ordre du jour de défiance au Duc de Broglie, nouveau président du Conseil nommé par Mac-Mahon. La Chambre est alors dissoute. Réélu aux élections d’octobre 1877, il s’affirme rapidement comme l’une des figures de la gauche. En mai 1880, il est appelé au Gouvernement. Il y restera pratiquement sans discontinuer pendant douze ans, jusqu’en 1892, en occupant principalement quatre portefeuilles, ceux de l’Intérieur, des Cultes, de l’Instruction publique (où il succède à Jules Ferry) et de la Justice. Il s’illustrera dans " l’affaire des prétendants ", en déposant en janvier 1883, au nom du gouvernement, un projet de loi autorisant le ministère à expulser par décret tout membre d’une famille royale " dont la présence serait de nature à compromettre la sûreté de l’Etat ". |
![]() Les "363" |
A. Fallières - E.Loubet au banquet des maires |
Au cours des années 1890,
Armand Fallières s’efforça toujours de calmer les esprits, notamment lors
des difficiles débuts de la " politique du ralliement ",
émaillée d’incidents entre le gouvernement et la hiérarchie catholique.
Comme ministre de l’Intérieur, il fit annuler en août 1887 la délibération illégale du Conseil de Paris " invitant les 36.000 communes de France à envoyer des délégués à Paris pour dresser le bilan du siècle dont le terme approche, donner une forme aux aspirations comprimées par les réactions successives, etc. ". Treize ans plus tard, le 22 septembre 1900, Armand Fallières, récemment élu Président du Sénat présidera au Banquet des Maires de France, aux côtés du nouveau Président de la République, Emile Loubet, son prédécesseur à la présidence de la Haute Assemblée… et auquel il succédera à la Présidence de la République. |
Au
Sénat
A son arrivée au Sénat, Fallières s’inscrit dans trois groupes : la gauche républicaine, l’union républicaine et la gauche démocratique. Lorsque cette pluralité de groupes n’est plus admise, il choisit le groupe de la gauche démocratique " le plus avancé des trois ". De 1892 à 1899, Fallières, simple sénateur fait preuve d’une grande discrétion : il ne prend pas une seule fois la parole en séance publique. Le 1er mars 1899, il vote contre la " loi de dessaisissement " dans l’affaire Dreyfus. Deux jours plus tard, il est élu Président du Sénat au 2ème tour. Il succède à ce poste à Emile Loubet, élu Président de la République, auquel il succédera aussi à l’Elysée sept ans plus tard. Fallières fut constamment réélu Président du Sénat jusqu’en 1906. A ce titre, il eut à présider la Haute Cour de Justice qui jugea, en 1899, Déroulède, Buffet, Ramel et Godefroy pour l’affaire de la caserne de Reuilly. |
![]() A. Fallières et E. Loubet |
A
l'Elysée
![]() Le Président Loubet accueille son successeur, le Président Fallières |
Le 18 janvier 1906, à Versailles, Armand Fallières est élu Président de la République au premier tour de scrutin, par 449 voix contre 371 à Paul Doumer, président de la Chambre. Clémenceau et la plus grande partie des radicaux ont préféré cet homme modéré au radical Doumer (qui sera à son tour élu Président de la République le 13 juin 1931). Ils reprochent en effet à Doumer d’avoir abandonné Combes et le " Bloc des gauches " en 1904 et d’avoir renoncé au projet d’impôt sur le revenu qu’il avait proposé en 1895. En octobre 1906, Fallières fait appel à Clémenceau pour diriger le ministère : c’est donc grâce à Fallières que pour la première fois " le Tigre " devient Président du Conseil ; il a 65 ans. En 1909, le Cabinet Clémenceau est usé, les discussions militaires s’enveniment à la Chambre, la situation internationale évolue vite (révolution turque, annexion par l’Autriche de la Bosnie-Herzégovine, indépendance de la Bulgarie). Fallières fait appel à un homme " plus souple ", Aristide Briand. Mais celui-ci doit démissionner au début de 1911. |
Fallières appelle alors le sénateur de la Gironde, Monis, puis Caillaux. Le coup d’Agadir le 1er juillet 1911 et les négociations franco-allemandes qui suivent aboutissent à la signature d’un traité que la Chambre ratifie mais que le Sénat refuse de ratifier, sous l’influence de Clémenceau qui accuse Caillaux de conventions secrètes avec l’Allemagne. Fallières a alors recours à Poincaré. Celui-ci fait ratifier le traité franco-allemand par le Sénat et voter la réforme électorale par la Chambre. Tandis que la situation s’aggrave dans les Balkans, le septennat de Fallières s’achève. Poincaré, dont la politique étrangère est populaire, lui succède en étant élu Président de la République le 17 janvier 1913. |
Président de la
République
son
élection en quelques photos...
![]() MM. Eugène Pierre et Edouard Dupré, secrétaires généraux de la présidence de l'Assemblée nationale, font sceller l'acte de nomination du nouveau Président, M. Armand Fallières |
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M.
Antonin Dubost proclame le résultat du scrutin |
Transmission des pouvoirs présidentiels |
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Avant le
congrès - La réunion plénière des gauches, |
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Bulletins de vote |
Groupe de sénateurs et de députés arrivant, sous la pluie battante, au palais de Versailles |
![]() |
Retour à Mézin
Il revient à Mézin où il passe l’essentiel de son temps dans sa maison et ses vignes de Loupillon. |
![]() La maison, vue du côté de la terrasse |
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![]() Les foudres |
![]() Dans le jardin avec quelques amis |
Le caractère d’Armand Fallières : une personnalité rassurante " La simplicité de Fallières l’avait rendu populaire et si
l’on plaisantait volontiers sur son compte, on lui vouait une sympathie
familière. C’était un homme intelligent et cultivé, grand lecteur de
Montaigne notamment, plein de sagesse. C’était un modéré de nature. Comme
son tempérament ne le poussait pas plus à l’action spectaculaire que
l’idée qu’il se faisait de ses fonctions, Fallières pouvait donc paraître
un président assez effacé. En fait, tous ceux qui l’ont approché ont été
frappés par sa connaissance étendue des affaires, par la sûreté de son
jugement et par son autorité. " Extrait du Dictionnaire des parlementaires français de M. Jean Jolly (1889-1940) |
![]() |
Carrière
politique
Les mandats électifs et postes occupés par Armand Fallières La liste de ses mandats et postes en font à l’évidence l’une des grandes figures politiques de la IIIème République : Maire de Nérac de 1871 à
1873 Député du Lot-et-Garonne de 1876 à 1890 Sénateur du Lot-et-Garonne de 1890 à 1906 (Président du Sénat de 1899 à 1906) Sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux Cultes de mai 1880 à novembre 1881 Ministre de l’Intérieur et des Cultes de septembre 1882 à janvier 1883 Président du Conseil et ministre des affaires étrangères par intérim de janvier à février 1883 Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts de novembre 1883 à avril 1885 Ministre de la Justice par intérim de novembre à décembre 1887 Ministre de la Justice de décembre 1887 à avril 1888 Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts de février 1889 à mars 1890 Ministre de la Justice et des cultes de mars 1890 à février 1892 Président de la République de 1906 à 1913 |
Promenade dans
Paris...
" Il sort tous les matins du Petit
Luxembourg à 8 heures et marche à travers Paris jusqu’à 10 heures, sans
s’arrêter. L’autre jour, un actif photographe de l’Illustration l’a suivi dans sa course matinale et, sans
qu’il s’en doutât, a pu, à diverses reprises, prendre des instantanés de
sa promenade. Il l’a accompagné par l’Odéon, la rue Racine, la rue des
Ecoles, le pont Sully, le boulevard Henri IV, la place de la Bastille, les
grands boulevards, la place de la Concorde, la rue de Bourgogne et le
boulevard Saint Germain, jusqu’au Petit Luxembourg. Le collaborateur de
l’Illustration était exténué : il
avait fait ses 12 kilomètres et les sept clichés qu’on voit dans notre
supplément : on y distingue parfaitement la forte silhouette du
nouveau Président de la République, la main gauche derrière le dos, avec
un fort jonc dans la main droite, suivi à une distance raisonnable d’un
inspecteur de la Sûreté qu’il n’a pas demandé mais qu’il subit, puis
arrêté sur le boulevard Montmartre et causant avec un homme qui ressemble
à s’y méprendre au grand savant Berthelot, collègue de M. Fallières au
Sénat. M. Fallières s’est promis de ne rien changer à sa vie pendant la
durée de son septennat. Les inspecteurs de la Sûreté vont faire de
l’hygiène ! " |
![]() M. Fallières traverse le pont de la Concorde pour retourner au Luxembourg (9h37) |